“Avec SAUDADE, je marque la fin d’un chapitre” : on a discuté avec le rappeur Green Montana

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“Avec SAUDADE, je marque la fin d’un chapitre” : on a discuté avec le rappeur Green Montana

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@ worldwidezem pour Konbini

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Par Simon Dangien

Publié le

Le Belge est venu chez Konbini à l’occasion de la sortie de SAUDADE. On a eu une discussion libre et… intuitive, comme à son habitude.

On pourrait l’appeler M. Feeling, mais Green Montana, ça sonne quand même bien mieux. Dicté par ses émotions et son intuition qu’il suit les yeux fermés, le rappeur originaire de Verviers en Belgique construit une carrière mystérieuse et rare qu’il enrichit d’un troisième album, SAUDADE.

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C’est un nouvel opus de 18 titres offrant 40 belles minutes de plongeon dans un univers mélodieux et (majoritairement) mélancolique. Même s’il est de plus en plus discret, on a pu photographier et discuter avec le rappeur à l’occasion de cette nouvelle sortie tant attendue, celle d’un album marquant un accomplissement notoire et la fin d’un cycle à succès, après quasiment deux années éloigné des radars. Il évoque avec nous sa success story et son statut de rappeur francophone toujours plus installé, la construction de ce troisième album, ses ambitions encore loin d’être assouvies et bien plus encore… Entretien.

Konbini | Tu as fait peu de prises de parole pour SAUDADE. Déjà, merci de venir chez Konbini, dans nos locaux, mais c’était quoi, la volonté derrière cette discrétion ? Tu avais envie de laisser parler ta musique ?

Green Montana | Ben oui, c’est que ça me ressemble, quoi ! Je ne suis pas quelqu’un d’hyper-expressif, je pense que je m’exprime beaucoup dans ma musique et que, parfois, prendre la parole, ça peut presque me desservir, je ne ressens pas forcément le besoin de toujours tout expliquer.

Mais par le passé, c’est quelque chose que tu faisais plus régulièrement.

C’était le début, tu sais, tu découvres tout, les interviews, etc. C’est là aussi que je me rends compte que je n’aime pas trop ça, en vrai. Aujourd’hui, si j’ai la possibilité de ne pas faire beaucoup de contenu, je le fais. Moi, j’aime bien ce truc de rareté. Même quand tu vois PNL, je trouve que tu n’as pas plus de grandes preuves. Après, tu pourrais dire que c’est l’exception qui confirme la règle, mais le fait de ne pas faire de promo et de ne pas communiquer, ça crée aussi quelque chose de “tu prends ce qu’il y a”. S’il y a trop de choses, à la fin, c’est banal, c’est clair, c’est compris, ça peut même être redondant. Je pense qu’il faut me déchiffrer un peu pour me comprendre.

Bon, même si ce n’est pas ce que tu préfères, on va essayer de passer un bon moment.

[rires] Ça va aller, tranquille !

@ worldwidezem pour Konbini

Est-ce que tu trouves que ça paye ou que ça change quelque chose, le fait de moins parler ?

Je ne sais pas si ça paye. En tout cas, moi, je suis très content des chiffres, mais je ne sais pas si ça a changé quelque chose. Ça se trouve, j’aurais vendu plus en prenant la parole, on ne sait pas. En tout cas, c’est quelque chose que je veux imposer. C’est mon choix et c’est comme ça que je suis, donc ce n’est pas parce qu’on me suggère ou que l’on me dit de le faire que ça doit me convenir à moi. Si ça ne me convient pas, je ne le fais pas.

Justement, les chiffres de vente…

Oui, je suis content. On a fait plus que NOSTALGIA+. [rires] En fait, j’aime bien la marge de progression, c’est important, ça rassure aussi dans le travail de savoir que tu es dans le bon, donc là je me sens dans le bon. Je sens que je peux aller encore plus loin et je sens que les gens sont réceptifs, et suivent, donc c’est super cool, je suis très content.

Tu parles des retours des gens, est-ce que tu as l’impression que les gens ils ont compris l’album ?

Je pense qu’il y a des nouvelles personnes qui vont me connaître grâce à cet album. Mais je pense que les personnes d’avant, qui me suivent depuis maintenant un moment, comprennent. Après, il y a aussi la hype. Tu entends un nom qui ressort souvent, tu t’intéresses. Tu n’as pas forcément compris, mais tu suis, donc il y a un peu les deux. Je ne pense pas que tout le monde ait compris, mais la majorité est dans le bon.

Tu as mis deux ans avant de vraiment revenir, tu avais besoin de prendre le temps, de ne pas répondre à une logique de commercialisation de la musique de sortir un projet tous les ans par exemple ?

Parce qu’après, il y a la vie ! On a une vie à côté. J’ai pris le temps de me recentrer un peu sur moi-même, de checker si tout le monde autour de moi allait bien, si moi, j’allais bien. J’ai checké tout ça, puis deux ans, ce n’est pas long, tu vois. Avec l’hyperconsommation, je l’ai senti, à un moment, ça me pesait un peu, je ne te mens pas. Peu importe ce que je publiais, les gens me disaient “Oui, sors l’album, sors l’album”. Je sentais l’attente, mais les gens, sur ça, ils ne sont pas cool, tu vois. Il faut laisser le temps aux artistes de faire de la bonne musique. Pour fournir un bon travail, il faut du temps, il faut se prendre la tête dessus sinon on part dans le fast-food. Mais je n’ai pas mal vécu ses deux ans, ça m’a fait du bien de pouvoir me concentrer sur les priorités de ma vie. L’album était prêt depuis longtemps et puis c’était aussi de la stratégie, il fallait se demander quand était le meilleur moment de le sortir pour ne pas être dans un carrefour. J’ai oublié la question… [rires]

Tu viens d’y répondre. Il est prêt depuis quand, cet album ? Est-ce que tu as encore fait une dizaine de versions du projet comme pour ALASKA notamment, ton premier album ?

C’est le même fonctionnement, c’est toujours comme ça… On construit, on a un squelette solide et puis après, on peaufine, on ajoute. Ça se fait aussi au jour le jour parce que je fais beaucoup de sons donc s’il y a un son plus chaud, on agence, on prend le temps de vraiment bloquer le meilleur projet avec ce qu’on a et on le sort. J’ai aussi sorti ROUGE NÉON, un deux-titres. C’était deux morceaux qui étaient à la base sur SAUDADE et qui ont sauté, ils se sont fait remplacer.

Ils sont quand même sortis parce qu’ils étaient spéciaux pour toi ?

Ils étaient cool. Moi, je les aimais bien. Enfin toute l’équipe les aimait bien. C’était même plus pour les gens, donner quand même quelque chose. Et puis, il y avait le rappel avec mes projets précédents, Bleu Nuit et Orange Métallique. C’était vraiment aussi pour ceux qui m’écoutaient depuis le début, un clin d’œil à avant.

Est-ce qu’on peut parler du titre ? SAUDADE. Je ne connaissais pas ce mot donc je suis allé checker. Ça vient du portugais, c’est un “sentiment mélancolique mêlé de rêverie et d’un désir de bonheur imprécis”. Tu connaissais ce mot de base ? Comment vous êtes arrivés à ce titre ?

Il n’y a pas vraiment de mot en français pour l’exprimer. C’est avec mon équipe, on cherchait quel mot correspondait le mieux à la couleur du projet et avec ce qu’on avait amené par le passé. Quand le nom SAUDADE est sorti, c’est mon DA SIX qui l’a trouvé, ça m’a paru évident, je ne te mens pas.

C’est une continuité avec NOSTALGIA+…

MELANCHOLIA…

SAUDADE… Le prochain ? Tu ne sais pas encore ?

Je pense que là, on part sur autre chose, en vrai. Avec SAUDADE, je marque la fin d’un chapitre, ça ferme cette boucle de mélancolie, nostalgie, saudade… On part sur une autre chose, j’aime le challenge. Le projet avance déjà. [rires]

En ce qui concerne la pochette, ces serpents, ce gamos, tu peux m’en parler ?

Ma vie a changé. Je m’embourgeoise et j’ai perdu beaucoup de gens en chemin aussi. Le serpent représente ça. Tu es attiré par la grosse voiture et les gens ne viennent pas forcément avec les bonnes intentions, ou même des gens qui étaient déjà là deviennent des snakes.

Tu expliques que tu t’embourgeoises et c’est vrai que dans ce projet-là, on ressent une évolution, que ce soit avec les titres notamment, dans les morceaux, il y a une idée de réussite, d’accomplissement.

Bien sûr, oui. Déjà, pour moi, je parle de faits. Ma vie a changé, mais même pour les gens qui m’ont soutenu depuis le début, on est sur une réussite pour moi, là, donc il faut que les gens me suivent aussi, tu vois. Je ne peux pas continuer à rapper ma vie d’avant alors que je suis dans autre chose. Il fallait vraiment adapter ça de manière à ce que les gens se rendent compte que mon quotidien a changé mais qu’à l’intérieur je reste quand même qui je suis.

Qu’est-ce qui a changé ?

C’est vraiment plus perso. C’est plus moi, comment je me sens dans ma vie aujourd’hui et ce que je vois autour de moi, ça a changé. Je suis devenu… Comment dire, même en fonction de ma famille, je suis devenu quelqu’un sur qui tu peux aussi t’appuyer. Je ne suis plus un boulet qui ne sait pas trop ce qu’il va faire dans la vie. Je suis un peu devenu une valeur sûre pour ma famille. C’est aussi ce truc-là, avec lequel j’ai commencé, je suis arrivé au bout parce que je suis moins triste qu’avant, je suis moins négatif, on va dire, même si je le suis toujours. Ce n’est pas parce que tu t’embourgeoises que la vie est belle.

Est-ce que c’est la musique qui te rend plus heureux ou c’est ses à-côtés ?

Ce qui se passe à côté. La musique, c’est dur, c’est cardio, c’est cruel aussi. Le plus dur, c’est aussi d’accepter ce qu’il se passe, d’accepter tout ce changement, de l’incarner, tu vois, justement de ne pas rester dans une situation et d’accepter que les choses se facilitent peut-être à un endroit, etc. Comme je l’ai dit, ça ne veut pas dire que la vie est belle, mais il faut accepter le statut, accepter qu’il y ait plus de gens qui m’écoutent, accepter que je me sois embourgeoisé, accepter tout ça, en fait.

Le fait que tu évolues avec ta musique, c’est aussi une manière pour toi de durer dans le temps.

Oui, bien sûr ! Il y a le besoin de se renouveler aussi, tu vois ? J’ai toujours voulu me renouveler mais sans prendre trop de risques parce que ma recette fonctionnait et je ne voulais pas brusquer les gens. Il y a un truc un peu chiant, c’est que toi, tu fais la musique, tu la consommes au moment où tu l’as faite et elle arrive après pour les gens, donc les gens sont dans ton mood d’il y a presque un an.

@ worldwidezem pour Konbini

Je voulais aussi te parler des collaborations. Je ne sais pas quand elles sont arrivées dans le processus mais je trouve qu’elles racontent vraiment quelque chose, chacune à son message différent. Avec ISHA, vous aviez déjà travaillé ensemble en 2020, ça raconte un peu cet attachement aux bases…

Oui, c’était sur le projet d’ISHA, carrément.

Il y a aussi Theodore, on ressent qu’il y a une volonté de transmission, un peu passe dé pour un artiste plus en développement. Est-ce que tu l’as construit comme ça ou j’interprète trop ?

Non, tu es dans le bon ! Sauf que Theodore, là, pour l’anecdote c’est le frérot, vraiment. Dans nos entourages respectifs, on est très ensemble, tu vois, donc c’est quelque chose qu’on voulait faire depuis un moment. Après, il fallait juste le bon moment, il fallait le bon morceau. Ça s’est fait comme ça, c’est une passe sans être une passe parce que c’est naturel. Moi, quand j’ai fait le son, j’ai pensé tout de suite à lui, tu vois. Je me suis dit “Ça y est, c’est ce son-là pour lui”. Comme “dashboard”, j’ai pensé tout de suite à ISHA : “C’est sur ça qu’ISHA doit être”.

Theodore, d’ailleurs, il arrive sur le dernier morceau, ça peut être un petit peu surprenant. Beaucoup sacralisent les outros et intros, pas toi ?

Tout le monde calcule tout et n’importe quoi. Moi, c’est comme ça que je l’ai ressenti la première fois, je me suis dit “C’est une outro, ce son”. Qu’on soit à 10 dessus ou que je sois tout seul, c’est un son qui sonne outro, donc moi, c’est comme ça que je voulais que ce soit. J’espère que les gens ne m’en voudront pas et le verront en mode ce qui compte, c’est ce qui me plaît vraiment.

Le featuring avec ISHA, tu as fait le morceau et tu t’es dit, “Il faut ISHA dessus”, c’est ça ?

Pour tous mes featurings, j’ai fait ça. En fait, j’ai le morceau et puis j’entends déjà la voix de quelqu’un sur le morceau, donc après on propose, hein !

Mais est-ce que tu l’entends arriver avec ces deux phrases-là au début ? “Cet été, j’étais à New York, on a croisé des mecs du Bronx. (silence) Ils nous ont pris pour des mecs du Bronx”.

En fait, j’espérais qu’ils ne suivent pas la topline comme j’espérais que Theodore suive la topline par exemple. Mais ça, c’est un truc que je ne leur dis pas, c’est : “Je te vois bien sur ce morceau, qu’est-ce que tu en penses ? Si tu kiffes, tu fais ton truc”. ISHA a fait du ISHA, j’aime bien ce qu’il a fait. Comme Josman et Tiako, chacun fait son truc et moi, je respecte le truc de chacun. Je trouve que c’est ça la force : eux, instinctivement, ils savent ce qu’ils doivent faire, tu vois. On est tous artistes.

Dans plusieurs interviews, tu dis vouloir rester longtemps et vraiment monter au maximum. Est-ce que c’est une ambition que tu as toujours ? Ce n’est pas un discours qu’on entend tout le temps, les artistes vont plutôt dire l’inverse…

Oui, plus en mode braquage de l’industrie. Moi, c’est endurance, c’est une course de fond. Je suis content d’en être déjà là parce que si je suis mes calculs, je ne devrais pas être là, mais c’est parfait, ça accélère un peu les choses. Aussi, dans mes calculs, il y a plein de choses que je n’avais pas vues et qui ralentissent le processus. Donc au final, on est bien. Là, on est bien, oui.

Petit à petit, tu arrives à tes objectifs.

Moi, je suis convaincu. Je suis convaincu qu’il suffit d’un morceau, parfois. Certains artistes sont inconnus et avec un morceau, boum ! Si tu as déjà ton bagage derrière et puis qu’il y a ce morceau qui arrive, ça fait plaisir à tout le monde, c’est la fête. Je sens qu’il y a aussi des gens qui attendent ce que j’attends aussi, c’est-à-dire ce morceau game changer.

Mais tu ne le calcules pas dans la musique ?

Non la musique, je la fais vraiment toujours instinctivement. Si c’est bon, c’est bon ; si ce n’est pas bon, on fait d’autres sons.

Comme le morceau “oseille mon amour”, qui est l’une des prises de risque de l’album, c’est venu comme ça de poser sur cette jersey revisitée ?

Je ne le vois même pas comme une jersey, je ne te mens pas. C’est comme FUM22 NOCIVE qui est l’un de mes plus gros morceaux dans un projet qui m’a fait passer un cap : c’est une drill mais je ne la considère pas comme une drill. Pour “oseille mon amour”, j’ai entendu l’instru, j’ai fait une topline, je l’ai remplie et voilà.

Fini !

Oui, c’est ça. [rires]

Directement, tu t’es dit “Celui-là, on le garde” ?

Même pas ! Je le trouvais sympa. Après, l’équipe a trouvé que celui-là avait un potentiel. Ce morceau, je l’ai vraiment vu comme : ça passe ou ça casse. Soit c’est un grand morceau de Green Montana, soit c’est un morceau cool. Là, je pense qu’on est dans le morceau cool, mais ça peut changer. Il y a des morceaux qui pètent six mois plus tard. C’est ça qui est fou aussi aujourd’hui.

Le clip peut jouer aussi dans ce regain, peut-être.

Bien sûr, il y a des morceaux à défendre mais ça viendra au feeling. Moi, je n’aime pas les clips, je n’aime pas les studios, j’aime bien créer tout seul, donc si on me dit “Il n’y a pas de clip”, ça ne me dérangerait pas, mais c’est important, même pour les gens. Et puis je trouve, franchement, après, je suis peut-être fou, hein, mais je trouve que les gens font une bonne promo par eux-mêmes. Ils se rentrent dedans, ils en parlent, ils défendent, ils attaquent. J’ai checké X/Twitter, je n’ai pas communiqué énormément sur le projet et je vois que c’est la bagarre, quoi !

Pour clarifier la situation, j’avais aussi envie de savoir si tu considérais, toi, que tu faisais du mumble rap, comme certains le disent ?

Même pas ! J’ai l’impression que c’est très important pour les gens d’avoir une case où me situer, donc je comprends le rapprochement mais, pour moi, on n’est pas sur ça. Je n’essaye pas d’être le plus lisible mais c’est instinctif.

Il y a aussi sur X/Twitter, ceux qui vont dire “Green qui n’articule pas = classique”.

J’ai vu, c’est la nouvelle mode, ça. Ils essayent de me faire ! [rires] Je pense qu’on cherche tous quelque chose en écoutant de la musique et que s’ils retrouvent ce quelque chose en m’écoutant, c’est tant mieux. Je remercie tout le monde de l’intérêt qu’on porte à ma musique mais, au-delà de la dérision et de la blague, j’ai l’impression que certains n’écoutent pas de rap américain. En France, le son est hyper-varié, il y a plein de choses, tu as à boire et à manger donc tu n’as pas forcément besoin mais si tu te concentres un peu, là-bas [aux États-Unis, ndlr] tu vas voir que même si tu es bilingue, tu vas écouter un son d’un Future ou d’un Young Thug, tu ne vas rien comprendre.

Tu ressens qu’on dévalorise un peu le rap américain ?

Frère, le rap vient d’où ? Je suis le premier à respecter le son francophone et je le trouve super, c’est vraiment bon pour tout le monde mais il y a eu trop de grands artistes. En fait, l’inspiration est trop forte. Et puis il y a aussi ce truc de bandeur de States qui repousse un peu les gens à écouter du rap américain. Ce n’est pas une compète, en fait ! On fait un dérivé d’un truc qui a été créé aux States, donc on le fait bien, on se l’approprie, on fait plein de choses mais on ne peut pas cracher sur les States.

@ worldwidezem pour Konbini

Tu parles de rap français, c’est quoi, tes derniers coups de cœur ?

Tous les jeunes qui arrivent, la nouvelle vague. Moi, j’ai fait un son il n’y a pas longtemps avec J9ueve parce que j’aime vraiment ce qu’il fait, je trouve que c’est frais et ça se rapproche de ce que j’écoute actuellement. Quand j’écoute un J9, je ressens qu’on écoute la même chose. Il y a La Fève aussi. Je valide à fond, c’est bien ce qu’il fait. Quand tu vas chercher un Zaytoven ! En fait, moi, en plus du fait que sa musique est bonne, j’aime l’idée derrière, l’idée c’est de ramener ta part de progrès comme Köpp dirait.

Pour dévier un petit peu, est-ce que tu te verrais faire un projet avec un seul producteur ?

J’adore l’idée. Même pour les compositeurs, tu vois, c’est important. Tu regardes un Metro Boomin, regarde son statut aujourd’hui : c’est un gars qui fait des concerts tout seul, une reusta. C’est ce que les compos ici méritent aussi, c’est des reustas. Sans eux, , il n’y a rien. Donc travailler avec un compo avec qui on se prend la tête tous les deux, en fait, il fait même le plus gros du projet donc c’est lui, la star du truc. Je trouve ce n’est pas cool, tu vois, c’est un peu cruel pour les compos et j’ai déjà remarqué cette envie chez eux d’avoir cette reconnaissance, là, en France. C’est des artistes aussi !

Donc, clairement tu ne dis pas non à un projet commun de ce style ?

À fond, j’ai déjà des idées en tête, là, avec qui je pourrais faire tout un projet fort. Défendre avec lui un projet, qu’on aille ensemble sur scène, qu’on aille ensemble en interview. C’est trop important pour la culture, c’est trop important.

Et un projet commun avec un autre artiste…

Un autre que SDM, tu veux dire ? [rires]

Il fallait que je t’en parle ! J’avais déjà prévu de te demander ce que tu pensais de son explosion actuelle. [rires]

Non, il y a plein de gens avec qui ça pourrait marcher. Mais SDM, bien sûr, parce que je trouve que ça matche depuis le jour 1. D’ailleurs, ça va répondre aussi à la question d’après, mais moi, SD, j’ai entendu une fois, on venait de signer tous les deux. J’ai entendu une fois, j’ai dit je veux faire du son avec lui. Je connaissais son timbre de voix, le personnage. Pour moi, c’est un gars qui allait tout péter. Je ne veux pas faire le devin mais “Bolide Allemand”, ça va aller loin, lui ! Moi, je le sens, il arrive comme un tank avec son nouveau projet, il va tout prendre, j’en suis certain. En fait, il a le potentiel pour vraiment devenir un patron dans le rap français. Tous les voyants sont allumés, c’est une question de temps.

On arrive sur la fin de l’interview, je voulais juste savoir comment tu faisais pour que chacun de tes albums soit de la même durée que le précédent ?

Je crois que c’était la durée idéale, en tout cas pour cette trilogie. Ce n’est pas fait exprès, c’est Dieu qui donne, peut-être que mon prochain projet fera une heure, on ne sait pas.

Justement qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ? Un album d’une heure ?

Plus de succès, plus d’argent, encore plus de bonnes choses dans ma vie, longue vie…

Moins de serpents ?

Ça, je m’en charge. [rires]

Merci, Green Montana.